Notes du chapitre IX
(1)
Les Scythes, même d'après les anciens, ne sont point
les Sarmates. Les Grecs, après avoir divisé le monde en
Grecs et Barbares, divisèrent les Barbares en quatre grandes
classes : les Celtes, les Scythes, les Indiens et les Ethiopiens.
Ils appelaient Celtes tous les habitans des Gaules. La
Scythie s'étendait depuis la mer Baltique jusqu'au lac Aral;
les peuples renfermés dans l'angle qui se trouvait au nord-ouest
entre la Celtique et la Scythie furent nommés Celto-Scythes,
et les Sarmates furent placés dans la partie méridionale
de cet angle. Mais ces noms de Celtes, de Scythes,
de Celto-Scythes et de Sarmates, ont été inventés, dit
Schlœzer, par la profonde ignorance des Grecs en cosmographie,
et n'ont point de réalité : ce sont des divisions purement
géographiques qui n'ont aucun rapport avec la véritable
filiation des peuples. Ainsi tous les habitans des Gaules
sont appelés Celtes par la plupart des anciens; cependant
les Gaules renfermaient trois nations tout-à-fait différentes :
les Belges, les Aquitains, et les Gaulois proprement dits.
Hi omnes lingua, institutis, legibus inter se differunt. (Cæsar,
Comm., c. I.) C'est ainsi que les Turcs appellent tous les
Européens des Francs. (Schlœzers Allgemeine Nordische
Geschichte, p. 289, 1771. - Bayer (de Origine et priscis
sedibus Scytharum, in Opusc., p. 64) dit : Primus corum,
de quibus constat, Ephorus in quarto historiarum libro orbem
terrarum inter Scythas, Indos, Æthiopas et Celtas divisit.
Fragmentum ejus loci Cosmas Indicopleustes in topographia
christiana, f. 148, conservavit. Video igitur Ephorum,
cum locorum positus per certa capita distribuere et explicare
constitueret, insigniorum nomina gentium vastioribus spatiis
adhibuisse; nulla mala fraude at successu infelici. Nam
Ephoro quoquo modo dicta pro exploratis habebant Græci
plerique et Romani : ita gliscebat error posteritate. Igitur tot
tamque diversæ stirpis gentes non modo intra communem
quandam regionem definitæ, unum omnes Scytharum nomen
his auctoribus subierunt, sed etiam ab illa regionis
adpellatione : in candem nationem sunt conflatæ. Sic Cimmeriorum
res cum Scythicis, Scytharum cum Sarmaticis,
Russicis, Hunnicis, Tataricis, commiscentur. (Note de l'Éditeur.)
(2)
La Germanie n'avait pas une si grande étendue. « C'est
d'après César, et surtout d'après Ptolémée, dit Gatterer,
que nous pouvons connaître ce qu'était l'ancienne Germanie
avant que les guerres des Romains eussent changé la situation
des peuples. La Germanie, changée par ces guerres,
nous a été décrite par Strabon, par Pline et par Tacite....
La Germanie proprement dite, ou grande Germanie, était
bornée à l'ouest par le Rhin, à l'est par la Vistule, au nord
par la pointe méridionale de la Norwége, par la Suède et
par l'Estonie. Quant au midi, le Mein et les montagnes du
nord de la Bohême en faisaient les limites. Avant César, le
pays compris entre le Mein et le Danube était occupé en
partie par les Helvétiens et par d'autres Gaulois, en partie
par la forêt Hercynienne; mais depuis César jusqu'à la
grande migration des peuples, ces bornes furent reculées
jusqu'au Danube, ou, ce qui revient au même, jusqu'aux
Alpes de la Souabe, quoique la forêt Hercynienne occupât
encore, du sud au nord, un espace de neuf jours de marche
sur les deux rives du Danube. » Gatterers Versuch
einer allgemeinen Weltgeschichte, p. 424, édit. de 1792.
Cette vaste contrée était loin d'être habitée par une seule
nation partagée en différentes tribus d'une même origine :
on pouvait y compter trois races principales, très-distinctes
par leur langage, leur origine et leurs mœurs : 1° à
l'orient, les Slaves ou Vandales; 2° à l'occident, les Cimriens
ou Cimbres; 3° entre les Slaves et les Cimbres se trouvaient
les Allemands proprement dits (les Suèves de Tacite).
Le midi était habité, avant Jules-César, par des nations
d'origine gauloise; les Suèves l'occupèrent dans la suite.
1° Les Slaves, appelés depuis Vandales (Wenden),
étaient, selon quelques savans, aborigènes de la Germanie,
et, selon d'autres, ne s'y sont introduits que plus
tard, en s'emparant d'abord de la partie occidentale, abandonnée
par les Vandales proprement dits, dont ils prirent
aussi le nom. « Ces derniers appartenaient, dit Adelung, à
la race des Suèves; Pline, Tacite et Dion-Cassius les nomment.
Ils conquirent la Dacie sur les Goths; mais, chassés à
leur tour, ils errèrent dans la Pannonie, dans les Gaules,
en Espagne, et vinrent enfin trouver leur tombeau en Afrique,
un peu avant l'an 534 de Jésus-Christ. » Adelungs
ælteste Geschichte der Deutschen, ihrer Sprache bis zur Vœlkerwanderung.
Schlœzer, au contraire, dans son Histoire universelle du
Nord, fait considérer les Slaves comme originaires de la
Germanie orientale, quoique inconnus aux Romains : il les
divise en Slaves méridionaux, qui occupaient les pays que
nous nommons aujourd'hui la Carniole et la Carinthie, la
Styrie et le Frioul; et en Slaves septentrionaux, qui occupaient
le Mecklenbourg, la Poméranie, le Brandebourg,
la Haute-Saxe et la Lusace. Leur langue, l'esclavon, est la
tige d'où sont sortis le russe, le polonais, le bohémien,
les dialectes de la Lusace, de quelques parties du duché
de Lunebourg, de la Carniole, de la Carinthie et de la
Styrie, etc., ceux de la Croatie, de la Bosnie et de la
Bulgarie. Voyez Schlœzer, Histoire universelle du Nord,
p. 323-335.
Gatterer, dans son Essai d'une Histoire universelle, a
mieux traité cette question; et son opinion me paraît prouvée.
Il a montré que les pays situés à l'ouest du Niémen, de
la Vistule et de la Theiss, avaient été habités jusqu'au troisième
siècle par des peuples non Slaves, d'origine germanique :
les Slaves occupaient alors les terres situées à l'est
de ces trois fleuves; ils étaient divisés, d'après Jornandès
et Procope, en trois classes : les Vénèdes ou Vandales, les
Antes, et les Slaves proprement dits. Les premiers prirent le
nom de Vénèdes, au troisième siècle, après avoir chassé
des pays situés entre le Mémel et la Vistule, les Vandales
ou Vénèdes, Germains qui s'étendaient jusqu'aux monts
Krapacks. Les Antes habitaient entre le Dniester et le Dniéper,
au nord-ouest de la Crimée. Les Slaves proprement
dits, ou Esclavons, habitaient, au sixième siècle, le nord
de la Dacie, et paraissent avoir été le peuple que Trajan
chassa de la Dacie méridionale. Pendant et après la grande
migration des peuples, ces diverses tribus slaves s'avancèrent
et envahirent tout le pays jusqu'aux rives de l'Elbe et
de la Saal, occupé auparavant par les Germains que Tacite
appelle Suèves. Ce n'est donc que depuis cette époque que
les Slaves, du moins les Antes et les Esclavons, peuvent
être compris dans la Germanie. Les Vandales slaves sont
les seuls dont l'établissement en Germanie soit d'une date
plus reculée. Gatterers Versuch einer allgemeinen Weltgeschichte,
p. 538, éd. de 1792.
2° Adelung, dans son Histoire ancienne de l'Allemagne,
divise les peuples germains (d'après César, et dès les temps
les plus anciens) en deux races principales, les Suèves et
les non Suèves : il donne à ces derniers, qui habitaient la
Germanie occidentale, la dénomination générale de Cimbres :
c'était le nom des peuples qui avaient passé le Rhin,
long-temps avant César, et s'étaient emparés d'une grande
partie de la Gaule, entre autres de la Belgique; César et
Pline les appellent aussi Belges. Les habitans de la presqu'île
du Jutland s'appelaient aussi Cimbres. Pline fait aussi
mention de Cimbres qui se trouvaient sur la rive droite du
Rhin : il paraît vraisemblable, d'après cela, que tous les
habitans de la Germanie occidentale étaient des Cimbres.
Les restes des Cimbres se retrouvent dans le pays de Galles
et dans la Basse-Bretagne, où leur nom s'est conservé dans
celui de Cymri. C'est à la race des Cimbres allemands, c'est-à-dire
habitans de la rive droite du Rhin, qu'appartenaient
plusieurs des tribus dont les noms se retrouvent dans les
auteurs anciens, telles que les Gutthones, ceux du Jutland;
Usipeti, dans la Westphalie; Sigambri, dans le duché
de Berg, etc. Adelungs ælteste geschichte der Deutschen,
p. 239 et suiv.
3° Á l'orient des tribus cimbriques se trouvait la nation
des Suèves, que les Romains ont connue très-anciennement,
puisque L. Corn. Sisenna, qui vivait cent vingt-trois
ans avant Jésus-Christ, en fait déjà mention. (Nonius V.
Lancea.) Elle s'étendait jusqu'aux bords de la Vistule, et
depuis la forêt Hercynienne jusqu'à la mer Baltique. Á
l'Orient, elle fut constamment pressée par les Slaves, qui
la forcèrent à se jeter sur les Cimbres, dont une partie
passa le Rhin, et envahit le nord de la Gaule : de là vint la
haine qui régnait entre les deux nations. Les écrivains grecs
et romains comprennent ordinairement sous le titre de
Suèves toutes les tribus qui habitaient dans l'espace que
nous venons de déterminer; mais ils donnent parfois ce
nom à des tribus particulières à qui ils n'en connaissaient
point d'autre : ainsi César appelle presque toujours les
Cattes (aujourd'hui les Hessois) Suèves. Plus tard, ce nom
ne fut donné qu'aux Marcomans et aux Quades, qui le portaient
lors de leur invasion dans la Gaule et en Espagne.
(Les Marcomans habitaient d'abord le royaume de Wurtemberg
et le pays compris entre la Forêt-Noire et le Danube,
dont ils avaient chassé les Helvétiens. Poussés par
les Romains, ils s'établirent en Bohême, en Moravie et en
Autriche, où ils subjuguèrent les Quades et où ils restèrent
jusqu'à leur irruption dans l'Occident.) Le nom de Suèves
s'est conservé dans celui de Souabe. Adel. ælt. gesch. der
Deutsch., p. 192 et suiv.
Telles sont les principales races qui habitaient la Germanie :
elles se sont poussées d'Orient en Occident, et ont servi
de tige aux races modernes; mais l'Europe septentrionale
n'a pas été peuplée uniquement par elles; d'autres races
d'origine différente, et parlant d'autres langues, l'ont habitée
et y ont laissé des descendans. Voyez Schlœzer, Hist.
Univ. du Nord, p. 291.
Les tribus germaniques s'appelaient elles-mêmes, dans les
temps très-reculés, du nom générique de Teutons (Teuten,
Deutschen), que Tacite fait dériver de celui de l'un de leurs
dieux, Tuisco. Il paraît plus vraisemblable que ce mot signifiait
simplement hommes, peuple : une foule de nations sauvages
n'ont pas su se donner un autre nom; ainsi les Lapons
s'appellent Almag, peuple; les Samoïèdes, Nilletz, Nissetsch,
hommes, etc. Quant au nom de Germains (Germani), César
le trouva en usage dans la Gaule, et s'en servit comme
d'un nom déjà connu des Romains. Plusieurs savans, d'après
un passage de Tacite (de Mor. Germ., c. 2), ont cru
qu'il n'avait été donné aux Teutons que depuis César; mais
Adelung a combattu victorieusement cette opinion. Le nom
de Germains se retrouve dans les Fastes capitolins. Voyez
Gruter, inscript. 2899, où le consul Marcellus, l'an de
Rome 531, est dit avoir défait les Gaulois, les Insubriens
et les Germains, commandés par Virdomar. Voyez Adel.
ælt. gesch. der Deutsch., p. 102. (Note de l'Éditeur.)
(3)
Les philosophes modernes de la Suède semblent convenir
que les eaux de la mer Baltique diminuent dans une
proportion régulière; et ils ont calculé que cette diminution
est d'environ un demi-pouce par an. Le pays bas de
la Scandinavie devait être, il y a vingt siècles, couvert de
la mer, tandis que les hauteurs s'élevaient au-dessus des
eaux, comme autant d'îles différentes par leur forme et par
leur étendue. Telle est réellement l'idée que Mela, Pline et
Tacite nous donnent des contrées baignées par la mer Baltique.
Voyez, dans la Bibliothèque raisonnée, tomes XL et
XLV, un extrait étendu de l'Histoire de Suède, de Dalin,
composée en suédois.
(4)
En particulier M. Hume, l'abbé Dubos et M. Pelloutier.
Hist. des Celtes, t. I.
(5)
Diodore de Sicile, l. V, p. 340, édit. Wessel; Hérodien,
liv. VI, p. 221; Jornandès, c. 55. Sur les rives du
Danube, le vin était souvent gelé, et on l'apportait à table
en gros morceaux : frusta vini. (Ovide, Epist. ex Ponto,
l. IV, 7, 9, 10; Virgile, Georg., l. III, 355.) Ce fait est
confirmé par un observateur, soldat et philosophe, qui avait
senti le froid rigoureux de la Thrace. Voyez Xénophon,
Retraite des dix mille, l. VII, p. 560, édit. Hutchinson.
(6)
Buffon, Hist. nat., tome XII, p. 79, 116.
(7)
César, de Bell. gall., VI, 23, etc. Les Germains les
plus instruits ne connaissaient pas les dernières limites de
cette forêt, quoique quelques-uns d'entre eux y eussent fait
plus de soixante journées de chemin.
(8)
Cluvier (Germania antiqua, l. III, c. 47) recherche
de tous côtés les plus petits restes de la forêt Hercynienne.
(9)
Charlevoix, Hist. du Canada.
(10)
Olaus-Rudbek assure qu'en Suède les femmes ont dix
ou douze enfans, et quelquefois vingt ou trente; mais l'autorité
de Rudbek est très-suspecte.
(11)
In hos artus, in hæc corpora, quæ miramur, excrescunt.
Tacite, Germ., III, 20. Cluvier, l. I, c. 14.
(12)
Plutarque, Vie de Marius. Les Cimbres s'amusaient
souvent à descendre, sur leurs larges boucliers, des montagnes
de neige.
(13)
Les Romains faisaient la guerre dans tous les climats;
partout leur vigueur et leur santé se soutenaient, en grande
partie, par leur discipline excellente. On peut remarquer
que l'homme est le seul animal qui puisse vivre et se reproduire
dans toutes les contrées, depuis l'équateur jusqu'aux
pôles. Sous-ce rapport, le cochon est celui de tous les animaux
qui semble approcher le plus de notre espèce.
(14)
Tacite, Germ., c. 3. Les Gaulois, dans leurs migrations,
suivirent le cours du Danube, et se répandirent dans
la Grèce et en Asie. Tacite n'a pu découvrir qu'une très-petite
tribu qui conservât quelques traces d'une origine
gauloise.
Gothines, qu'il ne faut pas confondre avec les Goths (Gothen),
tribu suève. Il y avait le long du Danube, du temps de César, plusieurs
autres tribus d'origine gauloise, qui ne purent long-temps
tenir contre les attaques des Suèves. Les Helvétiens qui habitaient à
l'entrée de la Forêt-Noire, entre le Mein et le Danube, avaient été
chassés long-temps avant César. Il fait aussi mention des Volces
Tectosages, venus du Languedoc, établis autour de la Forêt-Noire.
Les Boïens, qui avaient pénétré dans cette forêt, et qui ont laissé
dans la Bohème des traces de leur nom, furent subjugués, au premier
siècle, par les Marcomans. Les Boïens établis dans la Norique se
fondirent dans la suite avec les Lombards, et reçurent le nom de
Boïo-Avii (Bavière). (Note de l'Éditeur.)
(15)
Selon le docteur Keating (Hist. d'Irlande, p. 13, 14),
le géant Partholanus, qui était fils de Seara, fils d'Esra, fils
de Sru, fils de Framant, fils de Fathaclan, fils de Magog,
fils de Japhet, fils de Noé, débarqua sur la côte de Munster
le 14 mai de l'année du monde 1978. Quoiqu'il réussît dans
cette grande entreprise, la conduite déréglée de sa femme le
rendit très-malheureux dans sa vie domestique, et l'irrita
à un tel point, qu'il tua un lévrier qu'elle aimait beaucoup.
Selon la remarque judicieuse du savant historien, ce fut le
premier exemple de fausseté et d'infidélité parmi les femmes,
que l'on vit alors en Irlande.
(16)
Histoire généalogique des Tartares, par Abulghazi
Bahadur Khan.
(17)
Son ouvrage, qui a pour titre Atlantica, est singulièrement
rare. Bayle en a donné deux extraits fort curieux.
Rép. des lettres, janvier et février 1685.
(18)
Tacite, Germ., II, 19. Litterarum secreta viri pariter
ac feminæ ignorant. Nous pouvons nous contenter de cette
autorité décisive, sans entrer dans des disputes obscures,
concernant l'antiquité des caractères runiques. Selon le savant
Celsius, Suédois, qui joignit l'érudition à la philosophie,
ces caractères n'étaient autre chose que les lettres
romaines, avec les courbes changées en lignes droites pour
la facilité de la gravure. Voyez Pelloutier, Histoire des
Celtes, l. II, c. 2; Dictionnaire diplomatique, t. I, p. 223.
Nous pouvons ajouter que les plus anciennes inscriptions
runiques sont supposées être du troisième siècle, et que le
plus ancien écrivain qui ait parlé des caractères runiques
est Venantius-Fortunatus (Carm. VII, 18), qui vivait vers
la fin du sixième siècle.
Barbara fraxineis pingatur runa tabellis.
(19)
Recherches philosophiques sur les Américains, t. III,
p. 228. Cet ouvrage curieux est, dit-on, d'un Allemand.
(20)
Le géographe d'Alexandrie est souvent critiqué par
l'exact Cluvier.
(21)
Voyez César et le savant M. Whitaker, dans son Histoire
de Manchester, tome I.
(22)
Tacite, Germ., 15.
(23)
Lorsque les Germains ordonnèrent aux Ubiens, habitans
de Cologne, de secouer le joug des Romains, et de
reprendre, avec leur nouvelle liberté, leurs anciennes
mœurs, ils exigèrent d'eux qu'ils démoliraient immédiatement
les murailles de la colonie. Postulamus a vobis, muros
coloniæ, munimenta servitii, detrahatis; etiam fera animalia,
si clausa teneas, virtutis obliviscuntur. Tacite, Hist.,
IV, 64.
(24)
Les maisons dispersées, qui forment un village en
Silésie, s'étendent sur une longueur de plusieurs milles.
Voyez Cluvier, l. I, c. 13.
(25)
Cent quarante ans après Tacite, quelques bâtimens
plus réguliers furent construits près les bords du Rhin et du
Danube. Hérodien, l. VII, p. 234.
(26)
Tacite, Germ., 17.
(27)
Tacite, Germ., 5.
(28)
César, de Bell. gall., VI, 21.
(29)
Tacite, Germ., 26; César, VI, 22.
(30)
Tacite, Germ., 6.
(31)
On prétend que les Mexicains et les Péruviens, sans
connaître l'usage de la monnaie ou du fer, ont fait de grands
progrès dans les arts. Ces arts, et les monumens qu'ils ont
produits, ont été singulièrement exagérés. Voyez les Recherches
sur les Américains, t. II, p. 153, etc.
(32)
Tacite, Germ., 15.
(33)
Idem, 22, 23.
(34)
Tacite, Germ., 24. Les Germains avaient peut-être
tiré leurs jeux des Romains; mais la passion du jeu est singulièrement
inhérente à l'espèce humaine.
(35)
Tacite, Germ., 14.
(36)
Plutarque, Vie de Camille; Tite-Live, V, 33.
(37)
Dubos, Hist. de la Monarchie française, tome I, p. 193.
(38)
La nation helvétienne, qui sortit du pays appelé maintenant
la Suisse, contenait trois cent soixante-huit mille
personnes de tout âge et de tout sexe. (César, de Bell. gall.,
l. I, 29.) Aujourd'hui le nombre des habitans du pays de
Vaud (petit district situé sur les bords du lac de Genève, et
plus distingué par la politesse des mœurs que par l'industrie)
se monte à cent douze mille cinq cent quatre-vingt-onze.
Voyez une excellente dissertation de M. Muret, dans
les Mémoires de la Société de Berne.
(39)
Paul-Diacre, c. 1, 2, 3. Davila, Machiavel, et le reste
de ceux qui ont suivi Paul-Diacre, n'ont point assez connu
la nature de ces migrations, lorsqu'ils les ont représentées
comme des entreprises concertées et régulières.
(40)
Sir William Temple et M. de Montesquieu s'abandonnent
sur ce sujet à la vivacité ordinaire de leur imagination.
(41)
Machiavel, Histoire de Florence, liv. I; Mariana, Hist.
d'Espagne, l. V, c. 1.
(42)
Robertson , Hist. de Charles-Quint; Hume, Essais polit.
(43)
Traduction de l'abbé de La Bletterie.
(44)
Tacite, Germ., 44, 45. Frenshemius, qui a dédié son
Supplément de Tite-Live à Christine, reine de Suède, croit
devoir paraître très-fâché contre le Romain qui traite avec
si peu de respect les reines du Nord.
(45)
Les Suéones et les Sitones étaient les anciens habitans
de la Scandinavie; leur nom se retrouve dans celui de
Suède : ils n'appartenaient point à la race des Suèves, mais
à celle des peuples non Suèves ou Cimbres, que les Suèves,
dans des temps très-anciens, repoussèrent en partie vers
l'occident, en partie vers le nord : ils se mêlèrent dans la
suite avec les tribus suèves, entre autres avec les Goths, qui
ont laissé les traces de leur nom et de leur domination dans
l'île de Gothland. (Note de l'Éditeur.)
(46)
Ne pouvons-nous pas imaginer que la superstition
enfanta le despotisme ? Les descendans d'Odin, dont la race
existait encore en 1060, régnèrent, dit-on, en Suède plus
de mille ans. Le temple d'Upsal était l'ancien siège de la religion
et de l'empire. En 1153, je trouve une loi singulière
qui défendait l'usage et la profession des armes à toute personne,
excepté aux gardes du roi. N'est-il pas vraisemblable
que cette loi fut colorée par le prétexte de faire revivre une
ancienne institution ? Voyez l'Histoire de Suède, par Dalin,
dans la Biblioth. raisonnée, t. XI et XLV.
(47)
Tacite, Germ., c. 43.
(48)
Tacite, Germ., c. 11, 12, 13, etc.
(49)
Grotius change une expression de Tacite, pertractantur,
en prætractantur : cette correction est également juste
et ingénieuse.
(50)
Souvent même, dans l'ancien parlement d'Angleterre,
les barons emportaient une question, moins par le nombre
des voix que par celui de leurs suivans armés.
(51)
César, de Bell. gall., VI, 23.
(52)
Minuunt controversias; expression très-heureuse de
César.
(53)
Reges ex nobilitate, duces ex virtute sumunt. Tacite,
Germ., 7.
(54)
Cluvier, Germ. ant., l. I, c. 38.
(55)
César, VI, 22; Tacite, Germ., 26.
(56)
Tacite, Germ., 7.
(57)
Tacite, Germ., 13, 14. Traduction de Montesquieu,
Esprit des Lois, l. XXX, c. 3.
(58)
Esprit des Lois, l. XXX, c. 3. Au reste, l'imagination
brillante de Montesquieu est corrigée par la logique exacte
de M. l'abbé de Mably, Observ. sur l'Hist. de France, t. I,
page 356.
(59)
Gaudent muneribus, sed nec data imputant, nec acceptis
obligantur. Tacite, Germ., 21.
(60)
La femme coupable d'adultère était fouettée dans tout
le village. Ni la richesse ni la beauté ne pouvaient exciter
de compassion, ni lui procurer un second mari. Tacite,
Germ., 18, 19.
(61)
Ovide emploie deux cents vers à chercher les endroits
les plus favorables à l'amour. Il regarde surtout le théâtre
comme le lieu le plus propre à rassembler les beautés de
Rome, et à leur inspirer la tendresse et la sensualité.
(62)
Tacite, Hist., IV, 62, 65.
(63)
Le présent de mariage était une paire de bœufs, des
chevaux et des armes. (Germ., c. 18.) Tacite traite ce sujet
avec un peu trop de pompe.
(64)
Le changement de exigere en exugere est une excellente
correction.
(65)
Tacite, Germ., 7; Plutarque, Vie de Marius. Les
femmes des Teutons, avant de se tuer et de massacrer leurs
enfans, avaient offert de se rendre, à condition qu'elles seraient
reçues comme esclaves des vestales.
(66)
Tacite a traité cet obscur sujet en peu de mots, et
Cluvier en cent vingt-quatre pages. Le premier aperçoit en
Germanie les dieux de la Grèce et de Rome; l'autre assure
positivement que, sous les emblèmes du soleil, de la lune
et du feu, ses pieux ancêtres adoraient la Trinité dans
l'unité.
(67)
Le bois sacré décrit par Lucain avec une horreur si
sublime, était dans le voisinage de Marseille; mais il y en
avait plusieurs de la même espèce en Germanie.
(68)
Les anciens Germains avaient des idoles informes, et,
dès qu'ils commencèrent à se bâtir des demeures plus fixes,
ils élevaient aussi des temples, tels que celui de la déesse
Tanfana, qui présidait à la divination. Voyez Adelung,
Hist. anc. des Germains, p. 296. (Note de l'Éditeur.)
(69)
Tacite, Germ., 7.
(70)
Tacite, Germ., 40.
(71)
Robertson, Histoire de Charles-Quint, volume I,
note 21.
(72)
Tacite, Germ., 7. Ces étendards n'étaient que des
têtes d'animaux sauvages.
(73)
Voyez un exemple de cette coutume. Tacite, Ann.,
XIII, 57.
(74)
César, Diodore et Lucain paraissent attribuer cette
doctrine aux Gaulois; mais M. Pelloutier (Hist. des Celtes,
l. III, c. 18) travaille à réduire leurs expressions à un sens
plus orthodoxe.
(75)
Pour connaître cette doctrine grossière, mais séduisante,
voyez la fable IXe de l'Edda, dans la trad. curieuse
de ce livre, donnée par M. Mallet, Introduction à l'Histoire
du Danemarck.
(76)
Tacite, Germ., 3; Diodore de Sicile, l. V; Strabon,
l. IV, p. 197. On peut se rappeler le rang que Démodocus
tenait à la cour du roi des Phéaciens, et l'ardeur que Tyrtée
inspira aux Spartiates découragés. Cependant il est peu
vraisemblable que les Grecs et les Germains fussent le même
peuple. Nos antiquaires s'épargneraient beaucoup d'érudition
frivole, s'ils se donnaient la peine de réfléchir que des
situations semblables produiront naturellement des mœurs
semblables.
(77)
Outre ces chants de guerre, les Germains chantaient
dans leurs repas de fête (Tacite, Ann., l. I, c. 65), et auprès
du cadavre des héros morts. Le roi Théodoric, de la
tribu des Goths, tué dans une action contre Attila, fut honoré
par des chants, tandis qu'on l'emportait du champ de
bataille. (Jornandès, c. 41.) Le même honneur fut rendu
aux restes d'Attila. (Jornandès, c. 49.)
Selon quelques historiens, les Germains chantaient aussi
à leurs noces; mais cela me paraît peu d'accord avec leurs
coutumes, qui ne faisaient guère du mariage que l'achat
d'une femme. D'ailleurs on n'en trouve qu'un seul exemple;
celui du roi goth Ataulphe, qui chanta lui-même l'hymne
nuptial en épousant Placidie, sœur des empereurs Arcadius
et Honorius (Olympiodor., p. 8); encore ce mariage
fut-il célébré selon les rites des Romains, dont les chants
faisaient partie. Adelung, Hist. anc. des Germains, p. 382.
(Note de l'Éditeur.)
(78)
Missilia spargunt. Tacite, Germ., 6. Soit que cet
historien ait employé une expression vague, soit qu'il ait
voulu dire que ces dards étaient lancés au hasard.
(79)
Traduction de l'abbé de La Bletterie. (Note du Trad.)
(80)
C'était en quoi les Germains étaient principalement
distingués des Sarmates, qui combattaient généralement à
cheval.
(81)
La relation de cette entreprise occupe une grande partie
du IVe et du Ve livre de l'Histoire de Tacite, qui a traité
ce sujet avec plus d'éloquence que de clarté. Sir Henry
Saville relève dans sa narration plusieurs inexactitudes.
(82)
Tacite, Hist., IV, 13. Comme eux il avait perdu un
œil.
(83)
Ces îles étaient renfermées entre les deux anciennes
branches du Rhin, telles qu'elles subsistaient avant que la
face du pays eût été changée par l'art et par la nature.
Voyez Cluvier, Germ. ant., l. II, c. 30, 37.
(84)
César, de Bell. gall., l. VI, 23.
(85)
Les Bructères étaient une tribu non suève qui habitait
au-dessous des duchés d'Oldenbourg et de Lauenbourg,
sur les bords de la Lippe et dans les montagnes du
Hartz. Ce fut chez eux que la prétresse Velléda se rendit célèbre.
(Note de l'Éditeur.)
(86)
Traduction de l'abbé de La Bletterie. (Note du Trad.)
(87)
Nazarius, Ammien, Claudien, etc., en font mention
dans le quatrième et dans le cinquième siècle, comme d'une
tribu de Francs. Voyez Cluvier, Germ. ant., l. III, c. 13.
(88)
On lit communément urgentibus; mais le bon sens,
Juste-Lipse et quelques manuscrits, se déclarent pour vergentibus.
(89)
Tacite, Germ., 33. Le dévot abbé de La Bletterie,
très-irrité contre Tacite, rappelle ici le diable, qui fut homicide
dès le commencement, etc.
(90)
On peut voir dans Tacite et dans Dion plusieurs
traces de cette politique; et l'on peut juger, en considérant
les principes de la nature humaine, qu'il en existait bien
davantage.
(91)
Hist. Aug., p. 31; Ammien-Marcellin, l. XXXI, c. 5;
Aurel.-Victor. L'empereur Marc-Aurèle fut réduit à vendre
les meubles magnifiques du palais, et à enrôler les esclaves
et les malfaiteurs.
(92)
Les Marcomans, colonie qui, venue des rives du
Rhin, occupait la Bohême et la Moravie, avaient, dans des
temps plus anciens, érigé une grande monarchie, et s'étaient
rendus formidables sous leur roi Maroboduus. Voyez
Strabon, l. VII; Velleius-Paterculus, II, 105; Tacite, Ann.,
II, 63.
(93)
M. Wotton (Histoire de Rome, p. 166) prétend qu'ils
eurent ordre de se retirer dix fois plus loin. Son raisonnement
est spécieux sans être décisif : cinq milles suffisaient
pour une barrière fortifiée.
(94)
Dion, l. LXXI et LXXII.
(95)
Voyez une excellente dissertation sur l'origine et sur
les migrations des peuples dans les Mémoires de l'Académie
des Inscriptions, tome XVIII, p. 48-71. Il est bien rare que
l'antiquaire et le philosophe se trouvent si heureusement
réunis.
(96)
Croirions-nous qu'Athènes ne contenait que vingt-un
mille citoyens, et Sparte trente-neuf mille seulement ? Voy.
Hume et Wallace, sur la population des temps anciens et
modernes.