Notes du chapitre VIII


(1) Un ancien chronologiste cité par Velleius-Paterculus (l. I, c. 6), observe que les Assyriens, les Mèdes, les Perses et les Macédoniens, régnèrent en Asie mille neuf cent quatre-vingt-quinze ans depuis l'avènement de Ninus jusqu'à la défaite d'Antiochus par les Romains. Comme le dernier de ces deux événemens arriva cent quatre-vingt-neuf ans avant Jésus-Christ, le premier peut être placé deux mille cent quatre-vingt-quatre ans avant la même époque. Les observations astronomiques trouvées à Babylone, par Alexandre, remontaient cinquante ans plus haut.

(2) L'histoire de Perse fait mention de quatre dynasties depuis les premiers âges jusqu'à l'invasion des Sarrasins : celle des Pischdadides, celle des Céanides, celle des Aschkanides ou Arsacides, celle des Sassanides.
La première commence à Kaiomaros, que l'on confond souvent avec Noé. C'est le temps fabuleux; on y trouve des règnes de sept cents et de neuf cents ans. Les combats de ces premiers rois contre les giels ou mauvais esprits, et leurs disputes subtiles avec les dews ou fées, sont aussi risibles que les combats de Jupiter, de Vénus, de Mars et des autres divinités grecques.
L'histoire de la dynastie des Céanides rappelle les héros grecs ou nos paladins : elle renferme les actions héroïques de Rostam, et ses combats contre Affendiar, le fils aîné de Guschtasps. Le grand Cyrus fut, pendant la durée de cette dynastie, le véritable fondateur du royaume des Perses. Le dernier de ces rois, Iskander, confia les satrapies aux grands du pays : l'un d'eux, Aschek ou Arsaces, se fit roi, et fut la tige de la dynastie des Arsacides.
Les historiens perses n'ont conservé le nom que d'un très-petit nombre de ces monarques, dont la race fut enfin chassée par Ardshir-Babekan ou Artaxercès, fondateur de la dynastie des Sassanides, qui dura quatre cent vingt-cinq ans. Voyez une dissert. de Fréret, Mémoires de l'Acad. des Inscript. et Belles-Lettres, t. XVI. (Note de l'Éditeur.)


(3) Dans la cinq cent trente-huitième année de l'ère de Séleucus. Voyez Agathias, l. II, p. 63. Ce grand événement (tel est le peu d'exactitude des Orientaux) est avancé par Eutychius jusque dans la dixième année du règne de Commode, et reculé par Moïse de Chorène jusque sous l'empereur Philippe. Ammien-Marcellin a puisé dans de bonnes sources pour l'histoire de l'Asie; mais il copie ses matériaux si servilement, qu'il représente les Arsacides encore assis sur le trône des Perses dans le milieu du quatrième siècle.

(4) Le nom du tanneur était Babek; celui du soldat, Sassan : d'où Artaxercès fut nommé Babekan, et tous les descendans de ce prince ont été appelés Sassanides.

(5) D'Herbelot, Bibliothèque orientale, au mot Ardshir.

(6) Dion-Cassius, l. LXXX; Hérodien, l. VI, p. 207; Abulpharage Dyn., p. 80.

(7) Voyez Moïse de Chorène, l. II, c. 65-71.

(8) Hyde et Prideaux, qui ont composé, d'après les légendes persanes et leurs propres conjectures, une histoire très-agréable, prétendent que Zoroastre fut contemporain de Darius-Hystaspes; mais il suffit de faire remarquer que les écrivains grecs, qui vivaient presque dans le même siècle, s'accordent à placer l'ère de Zoroastre quelques centaines d'années ou même mille ans plus haut. Cette observation n'a pas échappé à M. Moyle, qui, à l'aide d'une critique judicieuse, a soutenu contre le docteur Prideaux, son oncle, l'antiquité du prophète persan. Voyez son ouvrage, vol. II.

(9) Cet ancien idiome était appelé le zend. Le langage du commentaire, le pehlvi, quoique beaucoup plus moderne, a cessé, depuis plusieurs siècles, d'être une langue vivante. Ce seul fait, s'il est authentique, garantit suffisamment l'antiquité des ouvrages apportés en Europe par M. Anquetil, et que ce savant a traduits en français.

Zend signifie vie, vivant. Ce mot désigne, soit la collection des livres canoniques des disciples de Zoroastre, soit la langue même dans laquelle ils sont écrits. Ce sont aussi les livres qui renferment la parole de vie, soit que la langue ait porté originairement le nom de zend, soit qu'on le lui ait donné à cause du contenu des livres. Avesta signifie parole, oracle, révélation, leçon : ce mot ne désigne pas non plus le titre d'un ouvrage particulier, mais la collection des livres de Zoroastre, comme Révélation d'Ormuzd. Cette collection se nomme ainsi tantôt Zend-Avesta, tantôt Zend tout court. Le zend était l'ancienne langue de la Médie, comme le prouve son affinité avec les dialectes de l'Arménie et de la Géorgie; il était déjà langue morte sous les Arsacides, dans les pays même qui avaient servi de théâtre aux événemens que le Zend-Avesta rapporte. Quelques critiques, entre autres Richardson et sir W. Jones, ont révoqué en doute l'antiquité de ces livres : le premier a prétendu que le zend n'avait jamais été une langue écrite et parlée; qu'elle avait été inventée, dans des temps postérieurs, par les magiciens, pour servir à leur art; mais Kleuker, dans les dissertations qu'il a ajoutées à celles d'Anquetil et de l'abbé Foucher, a prouvé :
1° Que le zend était réellement une langue autrefois vivante et parlée dans une partie de la Perse;
2° Que la langue dans laquelle sont écrits les livres qui renferment la doctrine de Zoroastre est bien l'ancien zend; en sorte qu'ils n'ont pu être écrits que dans un temps où cette langue était encore vivante et parlée;
3° Que le zend, depuis qu'il est une langue parlée, n'a plus été en usage comme langue écrite; de sorte que les livres écrits en zend n'ont pu l'être que dans le temps où le zend était langue vivante.
Quant à l'époque où le zend a été langue parlée et où Zoroastre a vécu, elle est encore parmi les érudits un objet de discussion : les uns, tels que Hyde et Anquetil lui-même, placent Zoroastre sous la dynastie des rois perses, commencée par Cyrus, et le font contemporain de Darius-Hystaspes, ce qui placerait sa vie au milieu du sixième siècle avant Jésus-Christ; les autres, tels que MM. Tychsen, Heeren, etc., le placent sous la dynastie des Mèdes, et pensent que le roi Guschtasps, sous lequel Zoroastre lui-même dit avoir vécu, est le même que Cyazare 1er, de la race des Mèdes, qui régnait soixante-dix ans avant Cyrus, et cent ans avant Darius-Hystaspes. Cette opinion, appuyée sur plusieurs passages du Zend-Avesta, paraît la plus vraisemblable : la description que donne Zoroastre lui-même, au commencement de son Vendidad, des provinces et des principales villes du royaume de Guschtasps, ne saurait convenir aux rois perses, et s'applique à la dynastie des Mèdes. Quelques critiques, entre autres l'abbé Foucher, reconnaissent deux Zoroastre : le plus ancien (autrement appelé Zerdusht), véritable fondateur de la religion des mages, a dû vivre sous Cyaxare 1er; et le second, simple réformateur, sous Darius-Hystaspes. Cette opinion n'est fondée que sur un passage de Pline l'Ancien, dont l'autorité est très-douteuse, parce que les connaissances des Grecs et des Latins sur Zoroastre sont pleines d'incertitudes et de contradictions. Voyez Hyde, de Rel. vet. Pers., p. 303, 312, 335; une dissertation du professeur Tychsen, de Religionum zoroastricarum, apud veteres gentes, vestigiis. In comment. soc. Goet., t. II, p. 112; une dissertation de l'abbé Foucher sur la personne de Zoroastre, Mémoires de L'Académie des Inscript. et Belles-Lettres, t. XXVII, p. 253-394.
Le pehlvi était la langue des pays limitrophes de l'Assyrie, et vraisemblablement de l'Assyrie elle-même. Pehlvi signifie force, héroïsme; le pehlvi était aussi la langue des anciens héros et des rois de Perse, des forts. On y trouve une foule de racines araméennes. Anquetil le croit formé du zend; Kleuker ne partage pas cette idée : « Le pehlvi, dit-il, est beaucoup plus coulant et moins surchargé de voyelles que le zend. » Les livres de Zoroastre, écrits d'abord en zend, furent traduits dans la suite en pehlvi et en parsi. Le pehlvi était déjà tombé en désuétude sous la dynastie des Sassanides, mais les savans l'écrivaient encore. Le parsi, originaire du Pars ou Farsistan, était alors le dialecte régnant. Voyez Kleukers Anhang zum Zend-Avesta, t. II, part. I, p. 158; part. II, p. 3 et seq. (Note de l'Éditeur.)


(10) Hyde, de Religione veterum Persarum, c. 21.

(11) J'ai principalement tiré ce tableau du Zend-Avesta de M. Anquetil, et du Sadder qui se trouve joint au traité du docteur Hyde : cependant, il faut l'avouer, l'obscurité étudiée d'un prophète, le style figuré des Orientaux, et l'altération qu'a pu souffrir le texte dans une traduction française ou latine, nous ont peut-être induit en erreur, et peuvent avoir introduit quelques hérésies dans cet abrégé de la théologie des Perses.

(12) Il y a ici une erreur : Ahriman n'est point forcé, par sa nature invariable, à faire le mal; le Zend-Avesta reconnaît expressément (voyez l'Izeschné) qu'il était né bon; qu'à son origine il était lumière; mais l'envie le rendit mauvais; il devint jaloux de la puissance et des attributs d'Ormuzd : alors la lumière se changea en ténèbres, et Ahriman fut précipité dans l'abîme. Voyez l'Abrégé de la doctrine des anciens Perses, en tête du Zend-Avesta, par Anquetil, c. 2, §. 2. (Note de l'Éditeur.)

(13) D'après le Zend-Avesta, Ahriman ne sera point anéanti ou précipité pour jamais dans les ténèbres : à la résurrection des morts, il sera entièrement défait par Ormuzd; sa puissance sera détruite, son royaume bouleversé jusque dans ses fondemens : il sera purifié lui-même dans des torrens de métal embrasé; il changera de cœur et de volonté, deviendra saint, céleste, établira dans son empire la loi et la parole d'Ormuzd, se liera avec lui d'une amitié éternelle, et tous deux chanteront des hymnes de louange en l'honneur de l'Éternité par excellence. Voyez l'Abrégé précité, ibid.; Kleukers Anhang, IIIe partie, p. 85, n° 36; l'Izeschné, l'un des livres du Zend-Avesta. D'après le Sadder Bun-Dehesch, ouvrage plus moderne, Ahriman doit être anéanti; mais cela est contraire et au texte même du Zend-Avesta, et à l'idée que son auteur nous donne du royaume de l'Éternité tel qu'il doit être après les douze mille ans assignés à la durée de la lutte entre le bien et le mal. (Note de l'Éditeur.)

(14) Aujourd'hui les Parsis (et en quelque façon le Sadder) érigent Ormuzd en cause première et toute-puissante, tandis qu'ils abaissent Ahriman, et le représentent comme un esprit inférieur, mais rebelle. Leur désir de plaire aux mahométans a peut-être contribué à épurer leur système théologique.

(15) Hérodote, l. I, c. 131; mais le docteur Prideaux pense, avec raison, que l'usage des temples fut permis par la suite dans la religion des mages.

(16) Mithra n'était point le Soleil chez les Perses : Anquetil a combattu et victorieusement réfuté l'opinion de ceux qui les confondent, et elle est évidemment contraire au texte du Zend-Avesta. Mithra est le premier des génies ou jzeds créés par Ormuzd; c'est lui qui veille sur toute la nature : de là est venue la croyance de quelques Grecs, qui ont dit que Mithra était le summus Deus des Perses. Il a mille oreilles et dix mille yeux. Les Chaldéens paraissent lui avoir assigné un rang plus élevé que les Perses. C'est lui qui a donné à la terre la lumière du Soleil : le Soleil, nommé Khor (éclat), est ainsi un génie inférieur, qui, avec plusieurs autres génies, prend part aux fonctions de Mithra. Ces génies collaborateurs d'un autre génie sont appelés ses kamkars; mais ils ne sont jamais confondus dans le Zend-Avesta. Dans les jours consacrés à un génie, le Persan doit réciter, non-seulement les prières qui lui sont destinées, mais celles qui sont destinées à ses kamkars : ainsi l'hymne ou iescht de Mithra se récite dans le jour consacré au Soleil (Khor), et vice versa. C'est probablement là ce qui parfois les a fait confondre; mais Anquetil avait lui-même relevé cette erreur, qu'ont signalée Kleuker et tous ceux qui ont étudié le Zend-Avesta. Voyez la huitième dissertation d'Anquetil; Kleukers Anhang, part. III, pag. 132. (Note de l'Éditeur.)

(17) Hyde, de Rel. Pers., c. 8. Malgré toutes leurs distinctions et toutes leurs protestations, qui paraissent assez sincères, leurs tyrans, les mahométans, leur ont toujours reproché d'être adorateurs idolâtres du feu.

(18) Zoroastre était beaucoup moins exigeant en fait de cérémonies, que ne le furent dans la suite les prêtres de sa doctrine : telle a été la marche de toutes les religions; leur culte, simple dans l'origine, s'est graduellement surchargé de pratiques minutieuses. La maxime du Zend-Avesta, rapportée ci-après, prouve que Zoroastre n'avait pas attaché à ces pratiques autant d'importance que Gibbon paraît le croire. C'est ce que prouve cette maxime, citée par Gibbon lui-même : « Celui qui sème des grains avec soin et avec activité, amasse plus de mérites que s'il avait répété dix mille prières. » Aussi n'est-ce point du Zend-Avesta que Gibbon a tiré la preuve de ce qu'il avance; mais du Sadder, ouvrage très-postérieur. (Note de l'Éditeur.)

(19) Voyez le Sadder, dont la moindre partie consiste en préceptes de morale : les cérémonies prescrites sont infinies, et la plupart ridicules. Le fidèle Persan est obligé à quinze génuflexions, prières, etc., lorsqu'il coupe ses ongles ou satisfait à des besoins naturels, etc., ou toutes les fois qu'il met la ceinture sacrée. Sadder, art. 14, 50, 60.

(20) Zend-Avesta, tome I, p. 224; et Précis du système de Zoroastre, tome III.

(21) Hyde, de Rel. Pers., c. 19.

(22) Le même, c. 28. Hyde et Prideaux affectent d'appliquer à la hiérarchie des mages les termes consacrés à la hiérarchie chrétienne.

(23) Ammien-Marcellin, XXIII, 6. Il nous apprend (si cependant nous pouvons croire cet auteur) deux particularités curieuses : la première, que les mages tenaient des brames de l'Inde quelques-uns de leurs dogmes les plus secrets; la seconde, que les mages étaient une tribu ou une famille aussi bien qu'un ordre.

(24) N'est-il pas surprenant que les dîmes soient d'institution divine dans la loi de Zoroastre comme dans celle de Moïse ? Ceux qui ne savent pas comment expliquer cette conformité peuvent supposer, si cela leur convient, que dans des temps moins reculés, les mages ont inséré un précepte si utile dans les écrits de leur prophète.

Le passage que cite Gibbon n'est point tiré des écrits de Zoroastre lui-même, mais du Sadder, ouvrage, comme je l'ai déjà dit, fort postérieur aux livres qui composent le Zend-Avesta, et fait par un mage pour servir au peuple : il ne faut donc pas attribuer à Zoroastre ce qu'il contient. Il est singulier que Gibbon paraisse s'y tromper; car Hyde lui-même n'a pas attribué le Sadder à Zoroastre, et fait remarquer qu'il est écrit en vers, tandis que Zoroastre a toujours écrit en prose. (Hyde, c. I, p. 27.) Quoi qu'il en soit de cette dernière assertion, qui paraît peu fondée, la postériorité du Sadder est incontestable : l'abbé Foucher ne croit pas même que ce soit un extrait des livres de Zoroastre. Voyez sa dissertation déjà citée, Mém. de l'Acad. des Inscript. et Belles-Lettres, t. XXVII. (Note de l'Éditeur.)

(25) Sadder, art. 8.

(26) Platon, dans l'Alcibiade.

(27) Pline (Hist. nat., l. XXX, c. 1) observe que les magiciens tenaient le genre humain sous la triple chaîne de la religion, de la médecine et de l'astronomie.

(28) Agathias, l. IV, p. 134.

(29) M. Hume, dans l'Histoire naturelle de la Religion, remarque avec sagacité que les sectes les plus épurées et les plus philosophiques sont constamment les plus intolérantes.

(30) Cicéron, de Legibus, II, 10. Ce furent les mages qui conseillèrent à Xerxès de détruire les temples de la Grèce.

(31) Hyde, de Rel. Pers., c. 23, 24; d'Herbelot, Bibliothèque orientale, au mot Zerdusht; Vie de Zoroastre, t. II du Zend-Avesta.

(32) Comparez Moïse de Chorène, l. II, c. 74, avec Ammien-Marcellin, XXIII, 6. Je ferai usage par la suite de ces passages.

(33) Rabbi, Abraham, dans le Tarickh-Schickard, p. 108, 109.

(34) Basnage, Histoire des Juifs, l. VIII, c. 3. Sozomène, l. II, c. 1. Manès, qui souffrit une mort ignominieuse, peut être regardé comme hérétique de la religion des mages aussi bien que comme hérétique de la religion chrétienne.

(35) Hyde, de Rel. Pers., c. 21.

(36) Ces colonies étaient extrêmement nombreuses. Séleucus-Nicator fonda trente-neuf villes, qu'il appela de son nom ou de celui de ses parens. (Voyez Appien, in Syriac., p. 124.) L'ère de Séleucus, toujours en usage parmi les chrétiens de l'Orient, paraît, jusque dans l'année 508, la cent-quatre-vingt-seizième de Jésus-Christ, sur les médailles des villes grecques renfermées dans l'empire des Parthes. Voyez les Œuvres de Moyle, vol. I, p. 273, etc., et M. Fréret, Mém. de l'Académie, t. XIX.

(37) Les Perses modernes appellent cette période la dynastie des rois des nations. Voyez Pline, Hist. nat., VI, 25.

(38) Eutychius, (tome I, p. 367, 371, 375) rapporte le siége de l'île de Mesène dans le Tigre, avec des circonstances assez semblables à l'histoire de Nisus et de Scylla.

(39) Agathias, II, 164. Les princes du Segestan défendirent leur indépendance pendant quelques années. Comme les romanciers, en général, placent dans une période reculée les événemens de leur temps, cette histoire véritable a peut-être donné lieu aux exploits fabuleux de Rostam, prince du Segestan.

(40) On peut à peine comprendre dans la monarchie persane la côte maritime de Gedrosie ou Mekran, qui s'étend le long de l'océan Indien, depuis le cap de Jask (le promontoire Capella) jusqu'au cap Goadel. Du temps d'Alexandre, et probablement plusieurs siècles après, ce pays n'avait pour habitans que quelques tribus de sauvages ichthyophages, qui ne possédaient aucun art, qui ne reconnaissaient aucun maître, et que d'affreux déserts séparaient d'avec le reste du monde. (Voyez Arrien , de Reb. indicis.) Dans le douzième siècle, la petite ville de Taiz, que M. d'Anville suppose être la Tesa de Ptolémée, fut peuplée et enrichie par le concours des marchands arabes. (Voyez Géographie nubienne, p. 58, et Géographie ancienne, tome II, p. 283.) Dans le siècle dernier, tout le pays était divisé entre trois princes, l'un mahométan, les deux autres idolâtres, qui maintinrent leur indépendance contre les successeurs de Shaw-Abbas. Voyag. de Tavernier, part. I, l. V, p. 635.

(41) Pour l'étendue et pour la population de la Perse moderne, voyez Chardin, tome III, c. 1, 2, 3.

(42) Dion, l. XXVIII, p. 1335.

(43) Pour connaître la situation exacte de Babylone, de Séleucie, de Ctésiphon, de Modain et de Bagdad, villes souvent confondues l'une avec l'autre, voyez une excellente dissertation de M. d'Anville, Mémoires de l'Académie, tome XXX.

(44) Tacite, Ann., XI, 42; Pline, Hist. nat., VI, 26.

(45) C'est ce que l'on peut inférer de Strabon, l. VI, p. 743.

(46) Bernier, ce voyageur curieux qui suivit le camp d'Aurengzeb depuis Delhi jusqu'à Cachemire (voyez Hist. des Voyages, tome X), décrit avec une grande exactitude cette immense ville mouvante. Les gardes à cheval consistaient en trente-cinq mille hommes, les gardes à pied en dix mille. On compta que le camp renfermait cent cinquante mille chevaux, mulets et éléphans, cinquante mille chameaux, cinquante mille bœufs, et entre trois et quatre cent mille personnes. Presque tout Delhi suivait la cour, dont la magnificence soutenait l'industrie de cette grande capitale.

(47) Dion, l. LXXI, p. 1178; Histoire Auguste, p. 38. Eutrope, VIII, 10. Eusèbe, in Chron. Quadratus (cité dans l'Histoire Auguste) entreprend d'excuser les Romains, en assurant que les habitans de Séleucie s'étaient d'abord rendus coupables de trahison.

(48) Dion, l. LXXV, p. 1263; Hérodien, l. III, p. 120; Hist. Aug., p 70.

(49) Les habitans policés d'Antioche appelaient ceux d'Édesse un mélange de Barbares. Il faut cependant dire, en faveur de ceux-ci, qu'on parlait à Édesse l'araméen, le plus pur et le plus élégant des trois dialectes du syriaque. M. Bayer a tiré cette remarque (Hist. Edess., p. 5) de George de Malatie, auteur syrien.

(50) Dion, l. LXXV, p. 1248, 1249, 1250. M. Bayer a négligé ce passage important.

(51) Depuis Oshroès, qui donna un nouveau nom au pays, jusqu'au dernier Abgare, ce royaume a duré trois cent cinquante-trois ans. Voyez le savant ouvrage de M. Bayer : Historia Oshroena et Edessena.

(52) Xénophon, dans la préface de la Cyropédie, donne une idée claire et magnifique de l'étendue de la monarchie de Cyrus. Hérodote (l. III, c. 79, etc.) rend un compte très-détaillé et très-curieux de la division de l'empire, en vingt grandes satrapies, par Darius-Hystaspes.

(53) Hérodien, VI, 209, 212.

(54) Á la bataille d'Arbelle, Darius avait deux-cents chariots armés de faux. Dans l'armée nombreuse de Tigrane, qui fut vaincu par Lucullus, on ne comptait que soixante-dix mille chevaux complètement armés. Antiochus mena cinquante-quatre éléphans contre les Romains. Ce prince, au moyen des guerres et des négociations fréquentes qu'il avait eues avec les souverains de l'Inde, était parvenu à rassembler cent cinquante de ces animaux; mais on peut douter que le plus puissant monarque de l'Indoustan ait formé sur le champ de bataille une ligne de sept cents éléphans. Au lieu de trois ou quatre mille éléphans que le grand Mogol avait, comme on le prétendait, Tavernier (Voyages, part. II, l. I, p. 198) découvrit, après des recherches exactes, que ce prince en avait seulement cinq cents pour son bagage, et quatre-vingts ou quatre-vingt-dix pour le service de la guerre. Les Grecs ont varié sur le nombre de ceux que Porus mena sur le champ de bataille; mais Quinte-Curce (VIII, 13), qui, dans cet endroit, est judicieux et modéré, se contente de quatre-vingt-cinq éléphans remarquables par leur force et par leur grandeur. Dans le royaume de Siam, où ces animaux sont le plus nombreux et le plus estimés, dix-huit éléphans paraissent suffisans pour chacune des neuf brigades dont est composée une armée complète. Le nombre entier, qui est de cent soixante-deux éléphans de guerre, peut quelquefois être doublé. Histoire des Voyages, tome IX, p. 260.

(55) Histoire Auguste, p. 133.

(56) Voyez une note ajoutée au chap. 6, sur le règne d'Alexandre-Sévère et sur cet événement. (Note de l'Éditeur.)

(57) M. de Tillemont a déjà observé que la géographie d'Hérodien est un peu confuse.

(58) Moïse de Chorène (Hist. d'Arménie, l. II, c. 71) explique cette invasion de la Médie, en avançant que Chosroès, roi d'Arménie, défit Artaxercès, et qu'il le poursuivit jusqu'aux confins de l'Inde. Les exploits de Chosroès ont été exagérés : ce prince agissait comme un allié dépendant des Romains.

(59) Voyez, pour le détail de cette guerre, Hérodien, l. VI, p. 209, 212. Les anciens abréviateurs et les compilateurs modernes ont aveuglement suivi l'Histoire Auguste.

(60) Eutychius, tome II, p. 180, publié par Pococke. Le grand Chosroès-Noushirwan envoya le code d'Artaxercès à tous ses satrapes, comme la règle invariable de leur conduite.

(61) D'Herbelot, Bibl. orient., au mot Ardshir. Nous pouvons observer qu'après une ancienne période remplie de fables, et un long intervalle d'obscurité, les annales de Perse ont commencé, avec la dynastie des Sassanides, à prendre un air de vérité.

(62) Hérodien, l. VI, p. 214; Ammien Marcellin, l. XXIII, c. 6. On peut observer entre ces deux historiens quelque différence; effet naturel des changemens produits par un siècle et demi.

(63) Les Perses sont encore les cavaliers les plus habiles, et leurs chevaux les plus renommés de l'Orient.

(64) Hérodote, Xénophon, Hérodien, Ammien, Chardin, etc., m'ont fourni des données probables sur la noblesse persane. J'ai tiré de ces auteurs les détails qui m'ont paru convenir généralement à tous les siècles, ou en particulier à celui des Sassanides.