Notes du chapitre III

(1) Orose, VI, 18.

(2) Dion dit vingt-cinq (l. LV, c. 20) : les triumvirs réunis, selon Appien, n'en avaient que quarante-trois. Le témoignage d'Orose est de peu de valeur quand il en existe de plus sûrs. (Note de l'Éditeur.)

(3) Jules-César introduisit dans le sénat des soldats, des étrangers et des hommes encore à demi barbares. (Suétone, Vie de César, c. 77, 80.) Après sa mort, cet abus devint encore plus scandaleux.

(4) Dion-Cassius, l. III, p. 693; Suétone, Vie d'Aug., c. 55.

(5) Auguste, qui alors se nommait encore Octave, était censeur; et, comme tel, il avait le droit de réformer le sénat, d'en bannir les membres indignes, de nommer le princeps senatus, etc. : c'était là ce qu'on appelait senatum legere. Il n'était pas rare non plus, du temps de la république, de voir un censeur nommé lui-même prince du sénat. (Tite-Live, l. XXVII, c. II, et l. XL, c. 51.) Dion affirme que cela fut fait conformément à l'ancien usage (p. 496). Quant à l'admission d'un certain nombre de familles dans les rangs des patriciens, il y fut autorisé par un sénatus-consulte exprès : Βουλης επιτρεψασης, dit Dion. (Note de l'Editeur.)

(6) Dion-Cassius, 1. LIII, p. 698, met à cette occasion dans la bouche d'Auguste un discours prolixe et enflé. J'ai emprunté de Tacite et de Suétone les expressions qui pouvaient convenir à ce prince.

(7) Imperator, d'où nous avons tiré le mot empereur, ne signifiait, sous la république, que général; et les soldats donnaient solennellement ce titre sur le champ de bataille à leur chef victorieux lorsqu'ils l'en jugeaient digne. Lorsque les empereurs romains le prenaient dans ce sens, ils le plaçaient après leur nom, et ils désignaient combien de fois ils en avaient été revêtus.

(8) Dion, 1. LIII, p. 703, etc.

(9) Tite-Live, Epit., l. XIV; Valère-Maxime, VI, 3.

(10) Voyez dans le huitième livre de Tite-Live la conduite de Manlius-Torquatus et de Papirius-Cursor : ils violèrent les lois de la nature et de l'humanité, mais ils assurèrent celles de la discipline militaire; et le peuple, qui abhorrait l'action, fut obligé de respecter le principe.

(11) Pompée obtint, par les suffrages inconsidérés, mais libres du peuple, un commandement militaire à peine inférieur à celui d'Auguste. Parmi plusieurs actes extraordinaires de l'autorité exercée par le vainqueur de l'Asie, on peut remarquer la fondation de vingt-neuf villes, et l'emploi de trois ou quatre millions sterling qu'il distribua à ses troupes : la ratification de ces actes souffrit des délais et quelques oppositions dans le sénat. Voyez Plutarque, Appien, Dion-Cassius, et le premier livre des Lettres à Atticus.

(12) Sous la république, le triomphe n'était accordé qu'au général autorisé à prendre les auspices au nom du peuple. Par une conséquence juste, tirée de ce principe de religion et de politique, le triomphe fut réservé à l'empereur; et ses lieutenans, au milieu des emplois les plus éclatans, se contentèrent de quelques marques de distinction, qui, sous le titre de dignités triomphales, furent imaginées en leur faveur.

(13) Cette distinction est sans fondement. Les lieutenans de 1'empereur, qui se nommaient pro-préteurs, soit qu'ils eussent été préteurs ou consuls, étaient accompagnés de six licteurs : ceux qui avaient le droit de l'épée portaient aussi un habit militaire (paludamentum) et une épée. Les intendans envoyés par le sénat, qui s'appelaient tous proconsuls, soit qu'ils eussent ou non été consuls auparavant, avaient douze licteurs quand ils avaient été consuls, et six seulement quand ils n'avaient été que préteurs. Les provinces d'Afrique et d'Asie n'étaient données qu'à des ex-consuls. Voy. des détails sur l'organisation des provinces, dans Dion (l. L, III, 12-16), et dans Strabon (l. XVII, p. 840); le texte grec, car la traduction latine est fautive. (Note de l'Editeur.)

(14) Cicéron (de Legibus, III, 3) donne à la dignité consulaire le nom de regia potestas; et Polybe (1. VI, c. 3) observe trois pouvoirs dans la constitution romaine. Le pouvoir monarchique était représenté et exercé par les consuls.

(15) Comme la puissance tribunitienne, différente de l'emploi annuel de tribun, fut inventée pour le dictateur César (Dion, 1. XLIV, p. 384), elle lui fut probablement donnée comme une récompense, pour avoir si généreusement assuré par les armes les droits sacrés des tribuns et du peuple. Voyez ses Commentaires, de Bello civili, 1. I.

(16) Auguste exerça neuf fois de suite le consulat annuel; ensuite il refusa artificieusement cette dignité aussi bien que la dictature; et, s'éloignant de Rome, il attendit que les suites funestes du tumulte et de l'esprit de faction eussent forcé le sénat à le revêtir du consulat pour toute sa vie. Ce prince et ses successeurs affectèrent cependant de cacher un titre qui pouvait leur attirer la haine de leurs sujets.

(17) Cette égalité fut le plus souvent illusoire; l'institution des tribuns fut loin d'avoir tous les effets qu'on devait en attendre et qu'on aurait pu en obtenir : il y avait, dans la manière même dont elle fut organisée, des obstacles qui l'empêchèrent souvent de servir utilement le peuple et de contrebalancer le pouvoir, parfois oppressif, du sénat. Le peuple, en ne leur donnant que le droit de délibérer, pour se réserver celui de ratifier leurs décisions, avait cru conserver une apparence de souveraineté, et n'avait fait que renverser l'appui qu'il venait de se donner. « Les sénateurs, dit de Lolme, les consuls, les dictateurs, les grands personnages qu'il avait la prudence de craindre et la simplicité de croire, continuaient à être mêlés avec lui et à déployer leur savoir-faire; ils le haranguaient encore; ils changeaient encore le lieu des assemblées; ... ils les dissolvaient ou les dirigeaient; et les tribuns, lorsqu'ils avaient pu parvenir à se réunir, avaient le désespoir de voir échouer, par des ruses misérables, des projets suivis avec les plus grandes peines et même les plus grands périls. » De Lolme, Constitut. d'Angleterre, chap. 7, tome II, p. 11. On trouve dans Valère-Maxime un exemple frappant de l'influence que les grands exerçaient souvent sur le peuple, malgré les tribuns et contre leurs propositions : dans un temps de disette, les tribuns ayant voulu proposer des arrangemens au sujet des blés, Scipion-Nasica contint l'assemblée en leur disant : « Silence, Romains; je sais mieux que vous ce qui convient à la république : Tacete, quæso, Quirites; plus enim ego quam vos quid reipublic? expediat, intelligo. » ? Qua voce audita, omnes pleno venerationis silentio, majorem ejus autoritatis quam suorum alimentorum curam egerunt. Cette influence fut telle, que les tribuns furent souvent les victimes de la lutte qu'ils engagèrent avec le sénat, bien qu'en plusieurs occasions ils soutinssent les vrais intérêts du peuple : tel fut le sort des deux Gracchus si injustement calomniés par les grands, et si lâchement abandonnés par ce peuple dont ils avaient embrassé la cause. (Note de l'Éditeur.)

(18) Voyez un fragment d'un décret du sénat, qui conférait à l'empereur Vespasien tous les pouvoirs accordés à ses prédécesseurs, Auguste, Tibère et Claude. Ce monument curieux et important se trouve dans les inscriptions de Gruter, n° CCXLII.

Il se trouve aussi dans les éditions que Ryck (Animad., p. 420, 421) et Ernesti (Excurs. ad 1. IV, c. 6) ont données de Tacite; mais ce fragment renferme tant d'irrégularités, et dans le fond et dans la forme, qu'on peut élever des doutes sur son authenticité. (Note de l'Éditeur.)

(19) On élisait deux consuls aux calendes de janvier; mais dans le cours de l'année on leur en substituait d'autres, jusqu'à ce que le nombre des consuls annuels se montât au moins à douze. On choisissait ordinairement seize ou dix-huit préteurs (Juste-Lipse, in excurs. D. ad Tacit, Annal., l. I). Je n'ai point parlé des édiles ni des questeurs : de simples magistrats chargés de la police ou des revenus, se prêtent aisément à toutes les formes de gouvernement. Sous le règne de Néron, les tribuns possédaient légalement le droit d'intercession, quoiqu'il eut été dangereux d'en faire usage. (Tacite, Ann., XVI, 26.) Du temps de Trajan, on ignorait si le tribunat était une charge ou un nom. Lettres de Pline, I, 23.

(20) Les tyrans eux-mêmes briguèrent le consulat. Les princes vertueux demandèrent cette dignité avec modération et l'exercèrent avec exactitude. Trajan renouvela l'ancien serment, et jura devant le tribunal du consul qu'il observerait les lois. Pline, Panégyr., c. 64.

(21) Quoties magistratuum comitiis interesset, tribus cum candidatis suis circuibat, supplicabatque more solemni. Ferebat et ipse suffragium in tribubus, ut unus e populo. Suétone, Vie d'Auguste, c. 56.

(22) Tum primum comitia e campo ad patres translata sunt. Tacite, Ann., I, 15. Le mot primum semble faire allusion à quelques faibles et inutiles efforts qui furent faits pour rendre au peuple le droit d'élection.

L'empereur Caligula avait fait lui-même cette tentative; il rendit au peuple les comices, et les lui ôta de nouveau peu après. (Suétone, in Caio, c. 16; Dion, l. LIX, 9, 20.) Cependant, du temps de Dion, on conservait encore une ombre des comices. Dion, 1. VIII, 20. (Note de l'Editeur.)

(23) Dion (l. LIII, p. 703-714) a tracé d'une main partiale une bien faible esquisse du gouvernement impérial. Pour l'éclaircir, souvent même pour le corriger, j'ai médité Tacite, examiné Suétone, et consulté parmi les modernes les auteurs suivans : l'abbé de La Bletterie, Mém. de l'Acad., t. XIX, XXI, XXIV, XXV, XXVII; Beaufort, Rép. rom., t. I, p. 255-275; deux dissertations de Noodt et de Gronovius, de Lege regia, imprimées à Leyde en 1731; Gravina, de Imperio romano, p. 479-544 de ses opuscules; Maffei, Verona illustrata, part. I, p. 245, etc.

(24) Un prince faible sera toujours gouverné par ses domestiques. Le pouvoir des esclaves aggrava la honte des Romains, et les sénateurs firent leur cour à un Pallas, à un Narcisse. Il peut arriver qu'un favori moderne soit de naissance honnête.

(25) Voyez un traité de Van-Dale, de Consecratione principum. Il me serait plus aisé de copier, qu'il ne me l'a été de vérifier les citations de ce savant Hollandais.

(26) Cela est inexact. Les successeurs d'Alexandre ne furent point les premiers souverains déifiés; les Egyptiens avaient déifié et adoré plusieurs de leurs rois; l'Olympe des Grecs était peuplé de divinités qui avaient régné sur la terre; enfin, Romulus lui-même avait reçu les honneurs de l'apothéose (Tite-Live, l. I, c. 16) long-temps avant Alexandre et ses successeurs. C'est aussi une inexactitude que de confondre les hommages rendus dans les provinces aux gouverneurs romains, par des temples et des autels, avec la véritable apothéose des empereurs : ce n'était pas un culte religieux, car il n'y avait ni prêtres ni sacrifices. Auguste fut sévèrement blâmé pour avoir permis qu'on l'adorât comme un dieu dans les provinces (Tac., Annal., l. I, c. 10); il n'eût pas encouru ce blâme s'il n'eût fait que ce que faisaient les gouverneurs. (Note de l'Editeur.)

(27) Voyez une dissertation de l'abbé de Mongault, dans le premier volume de l'Académie des Inscriptions.

(28)
Jurandasque tuum per nomen ponimus aras,
dit Horace à l'empereur lui-même; et ce poëte courtisan connaissait bien la cour d'Auguste.

(29) Les bons princes ne furent pas les seuls qui obtinssent les honneurs de l'apothéose; on les déféra à plusieurs tyrans. Voyez un excellent traité de Schœpflin, de Consecratione imperatorum romanorum, dans ses Commentationes historicæ et criticæ. Bâle, 1741, p. I, 84. (Note de l'Éditeur.)

(30) Voyez Cicéron, Philipp., I, 6; Julien, in Cæsaribus :
Inque Deum templis jurabit Roma per umbras,
s'écrie Lucain indigné; mais cette indignation est celle d'un patriote, et non d'un dévot.

(31) Octave n'était point issu d'une famille obscure, mais d'une famille considérable de l'ordre équestre : son père, C. Octavius, qui possédait de grands biens, avait été préteur, gouverneur de la Macédoine, décoré du titre d'imperator, et sur le point de devenir consul lorsqu'il mourut. Sa mère Attia était fille de M. Attius-Balbus, qui avait aussi été préteur. Marc-Antoine fit à Octave le reproche d'être né dans Aricie, qui était cependant une ville municipale assez grande; mais Cicéron le réfuta très-fortement. Philipp. III, c. 6. (Note de l'Editeur.)

(32) Dion, l. LIII, p. 710, avec les notes curieuses de Reimarus.

(33) Les princes qui, par leur naissance ou leur adoption, appartenaient à la famille des Césars, prenaient le nom de César. Après la mort de Néron, ce nom désigna la dignité impériale elle-même, et ensuite le successeur choisi. On ne peut assigner avec certitude l'époque à laquelle il fut employé pour la première fois dans ce dernier sens. Bach (Hist. jurispr. rom., p. 304) affirme, d'après Tacite (Hist., l. I, c. 15) et Suétone (Galba, c. 17), que Galba donna à Pison-Licinianus le titre de César, et que ce fut là l'origine de l'emploi de ce mot; mais les deux historiens disent simplement que Galba adopta Pison pour successeur, et ne font nulle mention du nom de César. Aurelius-Victor (in Traj., p. 348, édit. Arntzen) dit qu'Adrien reçut le premier ce titre lors de son adoption; mais comme l'adoption d'Adrien est encore douteuse, et que d'ailleurs Trajan, à son lit de mort, n'eût probablement pas créé un nouveau titre pour un homme qui allait lui succéder, il est plus vraisemblable qu'Ælius-Verus fut le premier qu'on appela César, lorsque Adrien l'eut adopté. (Spart., in Ælio-Vero, c. 1 et 2) (Note de l'Éditeur.)

(34) « Alors survint Auguste, qui, changeant de couleur comme un caméléon, paraissait tantôt pâle, tantôt rouge, tantôt avec un visage sombre et refrogné, et au même instant avec un visage riant et plein de charmes » (Césars de Julien, trad. Spanheim.) Cette image, que Julien emploie dans son ingénieuse fiction, est juste et agréable; mais lorsqu'il considère ce changement de caractère comme réel, et qu'il l'attribue au pouvoir de la philosophie, il fait trop d'honneur à la philosophie et à Octave.

(35) Deux cents ans après l'établissement de la monarchie, l'empereur Marc-Aurèle vante le caractère de Brutus comme un modèle parfait de la vertu romaine.

(36) Nous ne pouvons trop regretter l'endroit de Tacite qui traitait de cet événement, et qui a été perdu : nous sommes forcés de nous contenter des bruits populaires rapportés par Josèphe, et des notions imparfaites que nous donnent à cet égard Dion et Suétone.

(37) Auguste rétablit la sévérité de l'ancienne discipline. Après les guerres civiles, il ne se servit plus du nom chéri de camarades en parlant à ses troupes; et il les appela simplement soldats. (Suétone, dans Auguste, c. 25). Voyez comment Tibère se servit du sénat pour apaiser la révolte des légions de Pannonie. Tacite, Annal., I.

(38) Caligula périt par une conjuration qu'avaient formée les officiers des prétoriens, et Domitien n'eût peut-être pas été assassiné sans la part que les deux chefs de cette garde prirent à sa mort. (Note de l'Editeur.)

(39) Ces mots l'autorité du sénat et le consentement des troupes, semblent avoir été le langage consacré pour cette cérémonie. Voyez Tacite, Ann., XIII, 14.

(40) Le premier de ces rebelles fut Camillus-Scribonianus, qui prit les armes en Dalmatie contre Claude, et qui fut abandonné par ses troupes en cinq jours; le second, Lucius-Antonius, dans la Germanie, qui se révolta contre Domitien; et le troisième, Avidius-Cassius, sous le règne de Marc-Aurèle. Les deux derniers ne se soutinrent que peu de mois, et ils furent mis à mort par leurs propres partisans. Camillus et Cassius colorèrent leur ambition du projet de rétablir la république; entreprise, disait Cassius, principalement réservée à son nom et à sa famille.

(41) Cet éloge des soldats est un peu exagéré. Claude fut obligé d'acheter leur consentement à son couronnement : les présens qu'il leur fit, et ceux que reçurent en diverses autres occasions les prétoriens, causèrent aux finances un notable dommage. Cette garde redoutable favorisa d'ailleurs souvent les cruautés des tyrans. Les révoltes lointaines furent plus fréquentes que ne le pense Gibbon : déjà, sous Tibère, les légions de la Germanie voulaient séditieusement contraindre Germanicus à revêtir la pourpre impériale. Lors de la révolte de Claudius-Civilis, sous Vespasien, les légions de la Gaule massacrèrent leur général, et promirent leur assistance aux Gaulois, qui s'étaient soulevés. Julius-Sabinus se fit déclarer empereur, etc. Les guerres, le mérite et la discipline sévère de Trajan, d'Adrien et des deux Antonins, établirent quelque temps plus de subordination. (Note de l'Editeur)

(42) Velleius-Paterculus, l. II, c. 121; Suétone, Vie de Tibère, c. 20.

(43) Suétone, Vie de Titus, c. 6; Pline, préface de l'Hist. nat.

(44) Cette idée est souvent et fortement exprimée dans Tacite. Voyez Hist., I, 5, 16; II, 76.

(45) L'empereur Vespasien, avec son bon sens ordinaire, se moquait des généalogistes qui faisaient descendre sa famille de Flavius, fondateur de Réate (son pays natal), et l'un des compagnons d'Hercule. Suétone, Vie de Vespasien, c. 12.

(46) Dion, 1. LXVIII, p. 1121; Pline, Panégyr.

(47) Felicior Augusto, melior Trajano. Eutrope, VIII, 5.

(48) Dion (l. LXIX, p. 1249) regarde le tout comme une fiction, d'après l'autorité de son père, qui, étant gouverneur de la province où Trajan mourut, devait avoir eu de favorables occasions pour démêler ce mystère. Cependant Dodwell (Prælect. Cambden, XVII) a soutenu qu'Adrien fut désigné successeur de Trajan pendant la vie de ce prince.

(49) Dion, l. LXX, p. 1171; Aurelius-Victor.

(50) La déification, les médailles, les statues, les temples, les villes, les oracles et la constellation d'Antinoüs, sont bien connus, et déshonorent, aux yeux de la postérité, la mémoire de l'empereur Adrien. Cependant nous pouvons remarquer que, des quinze premiers Césars, Claude fut le seul dont les amours n'aient pas fait rougir la nature. Pour les honneurs rendus à Antinoüs, voyez Spanheim, Commentaires sur les Césars de Julien, p. 80.

(51) Hist. Aug., p. 13; Aurelius-Victor, in Epitom.

(52) Sans le secours des médailles et des inscriptions, nous ignorerions cette action d'Antonin le Pieux, qui fait tant d'honneur à sa mémoire.

(53) Gibbon attribue à Antonin le Pieux un mérite qu'il n'eut pas, ou que, du moins, il ne fut pas dans le cas de montrer : 1° il n'avait été adopté que sous la condition qu'il adopterait à son tour Marc-Aurèle et L. Verus; 2° ses deux fils moururent enfans, et l'un d'eux, M. Galerius, parait seul avoir survécu de quelques années au couronnement de son père. Gibbon se trompe aussi lorsqu'il dit (note 52) que sans le secours des médailles et des inscriptions, nous ignorerions qu'Antonin avait deux fils. Capitolin dit expressément (c. 1) : Filii mares duo, du? f?min? : nous ne devons aux médailles que leurs noms. Pagi Critic. Baron., ad. A. C. 161, tome I, p 33, éd. Paris. (Note de l'Éditeur.)

(54) Pendant les vingt-trois années du règne d'Antonin, Marc-Aurèle ne fut que deux nuits absent du palais, et même à deux fois différentes. Hist. Aug., p. 25.

(55) Ce prince aimait les spectacles, et n'était point insensible aux charmes du beau sexe. Marc-Aurèle, I, 16; Hist. Aug., p. 20, 21; Julien, dans les Césars.

(56) Marc Aurèle a été accusé d'hypocrisie, et ses ennemis lui ont reproché de n'avoir point eu cette simplicité qui caractérisait Antonin le Pieux, et même Verus (Hist. Aug., 6, 34) Cet injuste soupçon nous fait voir combien les talens personnels l'emportent, aux yeux des hommes, sur les vertus sociales. Marc-Aurèle lui-même est qualifié d'hypocrite; mais le sceptique le plus outré ne dira jamais que César fut peut-être un poltron, ou Cicéron un imbécile. L'esprit et la valeur se manifestent d'une manière bien plus incontestable que l'humanité et l'amour de la justice.

(57) Tacite a peint en peu de mots les principes de l'école du Portique : Doctores sapientiæ secutus est, qui sola bona quæ honesta, mala tantum quæ turpia; potentiam, nobilitatem, cæteraque extra animum, neque bonis, neque malis adnumerant. Hist., IV, 5.

(58) Avant sa seconde expédition contre les Germains, il donna, pendant trois jours, des leçons de philosophie au peuple romain. Il en avait déjà fait autant dans les villes de Grèce et d'Asie. Hist. Aug., in Cassio, c. 3.

(59) Dion, l. LXXI, p. 1190; Hist. Aug., in Avid. Cassio.

(60) Hist. Aug., in Marc. Anton., c. 18.

(61) Vitellius dépensa, pour sa table, au moins six millions sterling en sept mois environ. Il serait difficile d'exprimer 1es vices de ce prince avec dignité, ou même avec décence. Tacite l'appelle un pourceau; mais c'est en substituant à ce mot grossier une très-belle image : At Vitellius, umbraculis hortorum abditus; ut ignava animalia, quibus si cibum suggeras, jacent, torpentque, præterita, instantia, futura, pari oblivione dimiserat; atque illum nemore Aricino desidem et marcentem, etc. Tacite, Hist., III, 36; II, 95; Suétone, in Vitell., c. 13; Dion, l. LXV, p. 1062.

(62) L'exécution d'Helvidius-Priscus et de la vertueuse Eponine, déshonorent le règne de Vespasien.

(63) Voyages de Chardin en Perse, vol. III, p. 293.

(64) L'usage d'élever des esclaves aux premières dignités de l'Etat est encore plus commun chez les Turcs que chez les Perses : les misérables contrées de Géorgie et de Circassie donnent des maîtres à la plus grande partie de l'Orient.

(65) Chardin prétend que les voyageurs européens ont répandu parmi les Perses quelques idées de la liberté et de la douceur du gouvernement de leur patrie : ils leur ont rendu un très-mauvais office.

(66) Ils alléguaient l'exemple de Scipion et de Caton (Tacite, Annal., III, 66). Marcellus-Epirus et Crispus-Vibius gagnèrent, sous le règne de Néron, deux millions et demi sterling. Leurs richesses, qui aggravaient leurs crimes, les protégèrent sous Vespasien. Voyez Tacite, Hist., IV, 43, Dialog. de Orat., c. 8. Regulus, l'objet des justes satires de Pline, reçut du sénat, pour une seule accusation, les ornemens consulaires et un présent de soixante mille livres sterling.

(67) L'accusation du crime de lèse-majesté s'appliquait originairement au crime de haute trahison contre le peuple romain : comme tribuns du peuple, Auguste et Tibère l'appliquèrent aux offenses contre leurs personnes, et ils y donnèrent une extension infinie.

C'est Tibère et non Auguste qui prit le premier dans ce sens les mots de crime de lèse-majesté. Voy. Hist. Aug., Bachii Trajanus, 27, seqq (Note de l'Éditeur.)

(68) Lorsque Agrippine, cette vertueuse et infortunée veuve de Germanicus, eut été mise à mort, le sénat rendit des actions de grâces à Tibère pour sa clémence : elle n'avait pas été étranglée publiquement, et son corps n'avait point été traîné aux Gémonies, où l'on exposait ceux des malfaiteurs ordinaires. Voyez Tacite, Ann., VI, 25; Suétone, Vie de Tibère, c. 53.

(69) Sériphos, île de la mer Egée, était un petit rocher dont on méprisait les habitans, plongés dans les ténèbres de l'ignorance. Ovide, dans ses plaintes fort justes, mais indignes d'un homme, nous a bien fait connaître le lieu de son exil. Il paraît que ce poëte reçut simplement ordre de quitter Rome en tant de jours, et de se rendre à Tomes. Les gardes ni les geoliers n'étaient pas nécessaires.

(70) Sous le règne de Tibère, un chevalier romain entreprit de fuir chez les Parthes, il fut arrêté dans le détroit de Sicile; mais cet exemple parut si peu dangereux, que le plus inquiet des tyrans dédaigna de punir le coupable. Tacite, Ann., VI, 14.

(71) Cicéron, ad Familiares, IV, 7.